Eurotémis 2015

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L’Espace Schengen : Problème ou solution aux flux migratoires et à la sécurité en Europe?

L’espace Schengen de libre circulation des citoyens en Europe a trente ans. Le 14 juin 1985, 5 pays précurseurs – la France, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg – signaient dans cette petite localité du Grand-Duché un accord destiné à mettre un terme aux contrôles à leurs frontières, afin de faciliter les échanges et la mobilité de leurs ressortissants.

Au fil du temps, la plupart des Etats de l’UE les ont rejoints ainsi que des pays tiers voisins. L’espace Schengen regroupe ainsi 22 des 28 Etats membres de l’Union européenne, la Bulgarie, la Roumanie, Chypre et la Croatie n’y participant pas encore, tandis que l’Irlande et le Royaume-Uni participent seulement à quelques aspects de l’acquis de Schengen. Quatre Etats non membres de l’Union européenne – Norvège, Islande, Suisse et Lichtenstein – sont associés à l’espace Schengen. Rassemblant 26 pays européens et plus de 400 millions d’habitants, il constitue, de fait, comme l’euro et le marché intérieur, un des piliers de l’intégration de l’Union européenne.
L’accord de Schengen est entré en vigueur en 1995 et a été inscrit dans le droit communautaire en 1997 avec le traité d’Amsterdam.
Unique au monde, cette réalisation est pourtant en butte à une contestation de plus en plus vive, sur fond de crise économique et de poussée des flux migratoires. Depuis, des bouffées nationalistes et des amalgames populistes se développent dans de nombreux Etats membres rendant l’Union européenne et Schengen en particulier responsables de tous les maux et de toutes les peurs.
Certains demandent la suspension, la refonte ou la suppression de l’espace Schengen. Ils entendent pouvoir rétablir les frontières nationales pour mieux résister au mouvement des migrants, qu’ils soient d’origines européennes, et plus encore en provenance de pays tiers, en particulier des populations originaires d’Afrique et du Moyen-Orient. Cette instrumentalisation politique, aux relents nauséabonds, conduit à des rejets et à l’exclusion de populations, ainsi qu’à des nationalismes exacerbés et à des racismes ouvertement affichés. Or l’espace Schengen, en tant que tel, n’est pas responsable des flux migratoires. De même, Schengen n’est pas davantage la cause des abus au détachement des travailleurs, pratique organisée par des entreprises peu scrupuleuses qui tirent profit des différences des régimes sociaux entre des pays de l’Union. Par contre, voir la Méditerranée transformée en cimetière marin doit inciter l’Europe à sortir de sa longue léthargie stratégique, comme l’a souligné récemment Hubert Védrine, appelant à une véritable politique européenne de l’asile et de l’immigration qui fait défaut cruellement.

 

EUROTEMIS-Programme2015  Interviews (cliquez sur la photo du participant pour accéder à la vidéo)